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fév 12

Le 31 janvier: nous commençons notre lent retour à l’Est

C’est connu de tous les navigateurs, dans les Antilles les vents dominants soufflent de l’Est: ces vents ont même un petit nom, il s’agit des Alizés. L’autre évidence c’est qu’un voilier en général, un catamaran en particulier fait très facilement route avec le vent derrière lui et très difficilement route avec le vent face à lui. Il faut alors tirer des bords ce qui peut s’envisager avec un monocoque qui peut voyager à 30° du vent. La route est alors grandement allongée car tirer un bord c’est louvoyer d’un coté et de l’autre du vent en virant de bord régulièrement. La distance est plus que doublée en général! De plus, une navigation au près se fait contre les vagues car les vagues viennent en général de là où vient le vent. Le bateau et son équipage encaissent alors les coups de boutoir des vagues qui ralentissent d’autant le bateau.

En bref, la navigation au près c’est ce que tentent d’éviter tous les navigateurs.

Oui mais…

Si vous avez bien suivi, aux Antilles, le vent dominant vient de l’Est voire du Nord Est dans les grandes Antilles. Depuis notre départ nous avons navigué exclusivement vers le Sud jusque Grenade, vers l’Ouest vers les Roques puis vers le Nord avec la Jamaïque, Les Caymans et Cuba.  Aucune composante Est dans nos navigations jusqu’à maintenant mais il faut bien commencer à revenir vers l’arc Antillais!

C’est donc avec à Cuba que nous commençons à trouver des navigations vers l’Est.

A l’heure ou j’écris cet article (qui sera mis en ligne bien plus tard blocus internet cubain oblige…) nous sommes arrivés à Santiago de Cuba après 314 miles nautiques réalisés en 3 jours et 3 nuits. Nous avons pu goûter à notre première navigation au près sous voile pour les premiers 150 miles. Le vent était de Nord Est ce qui était impeccable pour le début de notre route. En revanche, en cette saison, ne vent de Nord Est ramène de l’air froid venu des USA et, couplé à une mer formée et des vagues qui nous rinçaient régulièrement à la barre nous étions tous les deux habillés comme pour une bonne navigation bretonne avec pantalon de ciré, veste, polaire! Dans les Antilles!

Le bateau tape, cogne, les coques montent et descendent des vagues de 1 à 2 mètres comme autant de montagnes qui nous ralentissent mais pas tant que cela car nous avons avancé assez vite malgré tout.

Nous terminons les 30 premières heures de navigation rincés, fatigués de notre nuit bretonne mais plutôt satisfait de notre route parcourue.

La suite est plus pénible car une fois le cap au Sud Est passé, nous devons maintenant faire cap plein Est et le vent, lui est revenu Est aussi. Cela nous contraint à allumer le moteur pour faire route contre les vagues. En gros cela donne la même impression de passer à la machine à laver (la veste de quart ET l’estomac) sauf qu’au lieu de faire du 7 noeuds sous voile, nous faisons du 3 noeuds en consommant 2L de carburant par heure…

Au final, nous parcourons 70 miles sur 24h au moteur! Personnellement, cela me mine beaucoup plus le moral de faire du moteur que de me battre et d’être secoué par les vagues sous voile. Du moteur c’est de l’usure des courroies (mais là je pense avoir trouvé les courroies idéales qui ne sont absolument pas celles préconisées par notre loueur…), c’est du diesel à trouver et à payer, c’est la 2ième vidange qui se rapproche, et c’est beaucoup de bruit.

La fin de notre navigation est beaucoup plus calme mais toujours au moteur. Nous arrivons en effet sous la cote Sud de Cuba bordée d’une grande chaîne de montagne et généralement déventée. Pour le même régime moteur, c’est à 4,5 noeuds que nous avançons au lieu de 3 noeuds avec les vagues et la même puissance moteur! Nous profitons de la vue sur les montagnes à la lumière de la pleine lune qui nous éclaire comme en plein jour et qui change tout!

Nous arrivons tout de même fourbu à notre escale de Santiago de Cuba, la deuxième ville du pays que nous visiterons demain

Santiago est une étape très peu pratique. En effet, seul mouillage possible (et payant!), la marina est située loin du centre ville, le taxi est obligatoire pour s’y rendre et il n’y a rien du tout dans les environs. Nous jouissons tout de même d’une superbe vue sur les montagnes environnantes et d’un mouillage beaucoup moins fréquenté que Cienfuegos.

Dans 3 jours nous repartons pour finir de longer Cuba par le Sud et de tenter une remontée vers l’archipel des Turks et Caicos. Toujours contre les vents dominants. Courage, l’arc antillais n’est pas loin et les Turks & Caicos, situés dans les Bahamas nous promettent poissons dans l’assiette et plongées magnifiques!

2 comments

  1. Ann

    J’ai le mal de mer en vous lisant

  2. Stéphane

    Il m’arrive de repenser à notre nav pour descendre au chantier sur la côte au vent de Grenade et je me dis: qu’est ce que c’était confort 😉 Mais vous verrez on s’amarine :)

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