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mar 29

Traversée vers Porto Rico au moteur et gros rinçage à l’arrivée

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carte: en orange les quelques heures passées sous voiles.

Après plus d’un mois passé en République Dominicaine et au lendemain du départ de mes parents, une belle fenêtre météo se présentait pour notre traversée vers Porto Rico. Une belle fenêtre pour ce type de bord c’est une mer calme et pas ou très peu de vent car lorsque le vent souffle, il est d’Est, dans l’axe du bateau. Nous nous attendions donc à utiliser les moteurs!

Nous avons commencé par aller faire les formalités de sortie à la Marina de Casa De Campo la veille du départ. Une fois l’ancre relevée, je m’aperçoit que les vis qui fixent le davier au bateau (le davier est la pièce métallique qui sert de support à l’ancre une fois relevée et de guide à la chaîne) se sont cassées ou sont absentes sur toute la partie arrière. J’incrimine les vibrations causées par l’ancre et le couple galvanique entre l’alu de la poutre avant et l’inox des vis car ce qui reste des vis est rongé par la corrosion. Problème, le davier ne repose plus que sur les vis du coté avant et avec le poids de l’ancre, on risque de casser ou plier quelque chose. Il faut réparer avant de partir à Porto Rico! Immédiatement je soulage le davier en mettant en place une drisse et en la hissant avec le winch en pied de mât. évidemment nous avions 2 semaines tranquilles pour réparer et c’est la veille du départ qu’il me faut trouver 6 vis inox…

Mais pour l’heure, il nous faut faire notre sortie du territoire. Nous arrivons à la marina et les officiels à savoir l’officiel d’immigration, l’officier de la marine de guerre, l’agent anti drogues et le représentant de la Port Autority arrivent pour nous délivrer la précieuse clearance de sortie. Oui, 4 officines, rien que ça!

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Le moment est tendu car je vais essayer de ne pas payer les 250 dollars de taxes d’immigration pour être resté 34 jours au lieu des 30 jours initialement consentis par les autorités. En République Dominicaine les choses peuvent souvent s’arranger avec une “Propina” (un dessous de table en clair).

Je m’installe avec les autorités, glisse l’équivalent de 40 dollars dans mon passeport que je donne à l’officier d’immigration pensant en rester là. Elle prend l’argent mais au fur et à mesure de la discussion, je comprends qu’elle semble réclamer toujours 50 dollars par passeport pour le dépassement… Je ne comprend pas très bien où elle veut en venir puisqu’elle a pris mon dessous de table. En fait je comprends ensuite que mes 40 dollars sont insuffisants au regard des 250 initialement dus. Après discussion, elle accepte de réduire la somme à 140 dollars, puis 90! Ensuite ce sont les services de la Marine de Guerre et de la Port Autority qui me prennent chacun 20 dollars… Impossible de savoir ce qui est allé dans la poche de l’état Dominicain et ce qui est allé directement dans la leur…

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Au final, la République Dominicaine aura été notre escale la plus chère en formalités d’entrée et de sortie! 180 dollars à l’entrée et 130 dollars à la sortie soit 310 dollars pour 10 coups de tampon sur nos passeports et une feuille A4…

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Et encore, nous avons croisé des équipages qui s’étaient fait encore plus escroquer en taxes inventées et dessous de table “fortement recommandés”… Ce pays est tristement célèbre chez les navigateurs pour cela… Malheureusement le passage par la clearance est obligatoire pour disposer du papier de sortie officiel à présenter au prochain pays pour pouvoir rentrer…

Une fois notre sésame de sortie obtenu, il me restait le problème des vis du davier à remplacer. Par chance, la marina dispose d’un tout petit magasin de pièces de bateau et par chance, j’y trouve des vis inox de même diamètre, même forme mais légèrement plus longues. Je leur achète 15, sachant que je peux facilement raccourcir les vis avec la scie à métaux du bord.

Une fois revenus à notre mouillage de Bayahibé, je m’installe à la scie à métaux mais je m’aperçoit vite que la scie du bord est complètement rouillée et qu’elle ne scie plus grand chose! Il est 19h et je part en annexe à Bayahibé, un village de plage à la recherche… d’une scie à métaux! Et là, miracle, je trouve une scie à métaux dans le petit supermarché dans lequel nous faisions notre avitaillement!!!

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J’ai maintenant tout ce qu’il faut pour remplacer les vis du davier et partir sereinement le lendemain matin. C’est un vrai plaisir de régler les problèmes techniques de cette façon!

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Photo: le davier avec ses vis toutes neuves!

Le lendemain nous levons l’ancre vers 7h et faisons quelques heures route au Sud avec un vent d’Est correct qui nous permet de faire de la voile. Nous en profitons car bientôt nous devrons mettre le cap à l’Est et allumer les moteurs…

Nous jetons un dernier regard sur les maxi catas qui emmènent les flots de touristes vers Saona depuis notre mouillage de Bayahibé sur lequel nous serons restés presque 2 semaines! Ce fut une petite escale bien agréable avec ses petits bars de page, ses petits marchands de fruits chez lesquels nous achetions des ananas, mangues, avocats excellents pour presque rien! C’est vraiment une escale que nous recommanderions!

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A 10h nous commençons la traversée du canal de la Mona dans une météo idéale: pas de vent ni de vague. Nous avons un seul moteur en fonctionnement et avançons à 5 noeuds. Nous passons une après midi excellente sur une mer très calme.

L’ambiance à bord est celle que l’on voit sur les photos des brochures des constructeurs de bateau. Tranquillement posés sur la coque profitant du soleil sur une mer d’huile dans une eau bleue caraïbes (après tout on n’entend pas le ron-ron du moteur sur les photos!).

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Les enfants font la ronde et de la pâte à modeler! Bref, tout le monde se régale!

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Le soleil se couche. Nous atteignons le Nord de l’île de la Mona vers 22h et le vent commence à se lever rendant plus difficile la progression au moteur. Nous devons allumer le second moteur. Une fois l’île passée, nous avons l’angle nécessaire pour pouvoir couper les moteurs et progresser au près sous voile.

Jusqu’à là, la météo est conforme aux prévisions et ma stratégie se déroule exactement comme prévu. Malheureusement le vent tombe et passe à l’Est à mesure que nous approchons des côtes de Porto Rico. Quand je remonte prendre mon quart à 4h du matin, le bateau n’avance plus qu’à 2,5 noeuds! Après 4h de voile, nous rallumons le moteur dans une mer toujours assez calme..

Le soleil se lève sur les côtes de Porto Rico au loin et c’est toujours la même magie de l’horizon qui s’embrase en passant par toutes les couleurs du bleu pâle au rouge doré.

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Nous abordons les côtes portoricaines par leur pointe Sud Ouest et croisons devant Cabo Rojo un très beau phare posé à flanc d’une falaise de calcaire rouge. Ce phare a un petit coté Pointe des Poulains à Belle Île. Nous continuons à longer les côtes de Porto Rico au moteur.

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L’arrivée est dans 40 miles. Il nous est indispensable d’arriver dans la baie de Ponce (prononcer Poncé) pour faire les formalités d’entrée. Aucun point ne permet de de faire nos formalités d’entrée avant Ponce et avec les gardes côtes américains, on ne plaisante pas avec les formalités! Je les contacte d’ailleurs à la VHF afin de leur signaler que nous sommes entrés dans leurs eaux territoriales. Ils me donnent un numéro de téléphone à contacter pour nous enregistrer préalablement à notre arrivée à Poncé.

Une fois la pointe Sud Ouest de Porto Rico passée, nous devions d’après la météo, avoir des vents de 12 noeuds, rafales à 15 noeuds maximum. Des forces de vent qu’on affronte facilement au moteur. Cependant, au fur et à mesure, les vents se renforcent, la mer se lève et la bataille commence. Nous allumons un second moteur pour continuer notre progression à une vitesse décente mais le vent et les vagues nous ralentissent fortement.

A l’intérieur, nous enchaînons les dessins animés pour les enfants qui sont ravis. Le bateau est de plus en plus secoué et il n’est pas question qu’ils se mettent à dessiner où pire, qu’ils nous dérangent en pleine manoeuvre. Dehors, à la barre, les embruns nous rincent à chaque grosse vague que nous rencontrons. Nous n’avons plus de génois depuis longtemps mais le vent qui souffle maintenant à 25 noeuds établis sur le bateau nous impose d’aller prendre un ris supplémentaire. Je passe à l’avant en m’accrochant à ce que je peux pour ne pas me faire éjecter par le bateau qui se cabre maintenant dans de grosses vagues de 3 ou 4 mètres. Heureusement, elles alternent avec des creux de 2 mètres mais nous avons l’impression d’être sur des montagnes russes et en haut des vagues, la vision de la descente est impressionnante et on se sent tout petit à ce moment là. Il faut faire un effort mental pour se dire qu’un bateau de cette catégorie résiste à des vagues de 7 mètres et que nous en sommes loin. Le moment est néanmoins loin d’être agréable et nous recevons des paquets de mer dans le cockpit qui se transforme en vraie machine à laver!

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Au fur et à mesure de notre arrivée vers Ponce, le vent se renforce encore pour atteindre 32 noeuds en rafales. Plus que quelques minutes interminables avant de prendre la direction de notre mouillage. Nous passons Isla de Ratones et pouvons enfin obliquer vers Ponce. Nous nous écartons un peu du vent et tout de suite prenons de la vitesse, le vent prenant dans la grand voile. Nous y sommes presque. Il faut encore passer entre une petite île et un récif, un passage large de 500 mètres. Je suis concentré à la barre. Le passage est raisonnablement étroit mais il ne faut pas s’écarter du chenal qui n’est pas balisé et le bateau avance très vite.

Une fois sortis du chenal, nous débouchons dans la baie de Ponce et tout s’apaise. C’est comme cela en mer. Les escales effacent presque immédiatement les moments de rigueur et nous sommes souvent surpris par le grand calme des mouillages protégés alors que la mer est agitée à quelques mètres de là au large.

Nous décernons à cette navigation le titre de plus mauvais bord de notre aventure, ex-aequo avec notre traversée entre Cuba et Great Inagua. Le bateau est couvert de cristaux de sel à force d’avoir subi les embruns pendant les 6h qu’a duré le mauvais temps et nous avons vidé la moitié de nos cuves de gasoil

Au mouillage de Ponce, nous retrouvons Amélia I, le bateau de François et Doris, croisé à Samana. Cela nous fait plaisir de retrouver un bateaucopain. Je contacte les autorités par téléphone satellite pour pré-enregistrer notre arrivée sur le territoire. 18 minutes à dicter nos noms, numéros de passeport et dates de naissance au téléphone en alphabet international. La véritable entrée se fera demain à l’ouverture de leurs services.

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A 20h tout le monde s’effondre dans sa couchette pour une nuit de 12h! Contents d’être arrivés dans ce territoire américain!

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3 comments

  1. Claudine Diérick

    Chapeau bas au Capitaine ( toujours à rêver de transatlantique ?…)
    et à sa Capitaine en second (superbe sur la photo au coucher du soleil !)

    Chez nous: pluie, vent 43 km/h avec rafales à 83 km/h et 12°… C’est le Noooord !
    Choc thermique au retour mais au moins, le sol est stable.

    Affectueuses bises à tous et bon séjour à Porto Rico !

  2. camille

    Bonjour Pauline

    J’espère que tu passes de bonnes journées sur ton bateau avec ce soleil magnifique.

    Les photos sont très jolies. J’aimerais me retrouver avec toi.

    Ici il pleut et il fait froid.

    A l’école on apprend l’imparfait. C’est facile.

    On a fait un carnaval. Je me suis déguisée en Cendrillon. On a passé une bonne journée et on a mangé plein de bonbons.

    Au revoir Pauline et à très bientôt

    Gros bisous

    Camille

  3. GALLET

    Quelles magnifiques photos de paysages éblouissants et de belles princesses toutes bronzées et d’Anne superbe et pleine de bonheur! Continuez votre navigation Bises

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