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fév 12

La première industrie du pays et autres combines cubaines à tous les étages

Afin de vous conter une petite anecdote de notre visite à Trinidad, il convient de la re-situer dans son contexte historique et économique. Si vous avez le courage de parcourir ces quelques lignes vous pourrez lire l’anecdote 😉

Il y a de cela une vingtaine d’années, avant la chute du mur de Berlin, la première industrie du pays était, de loin, la production de sucre qui avait même presque atteint les 10 millions de tonnes en pleine gloire du régime castriste. Il faut dire que l’allié communiste Russe pourvoyait à de nombreux besoins de l’état Cubain en achetant son sucre à des tarifs d’ami et en alimentant ce voisin si stratégique de l’ennemi américain en produits pétroliers, biens industriels et en donnant des débouchés à l’industrie cubaine.

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Lorsque l’URSS s’est effondrée, l’économie cubaine s’est trouvée totalement isolée et au bord du désastre en quelques mois. Il a fallu toute la poigne de ce régime autoritaire pour se relever de cette situation difficile au prix de privations toujours plus fortes du peuple cubain.

Au lendemain de la chute de l’ami Russe, il a donc fallu trouver une autre source de revenus pour un pays désormais quasi coupé du monde et fortement handicapé par l’embargo américain. Permettant de faire rentrer des devises salvatrices dans le pays sans vendre son âme socialiste aux marchés internationaux des biens et services, le développement du tourisme s’est vite imposé comme seule solution en terre castriste.

 

 

 

 

 

Aujourd’hui, l’industrie touristique a largement détrôné le sucre de sa place de première ressource du pays. Paradoxalement, ce qui permet à un des derniers régimes communistes de la planète de tenir debout est le flux important d’européens, de Canadiens ou d’asiatiques qui viennent pour profiter des magnifiques paysages cubains, des plages et de villes uniques comme la Havane ou Trinidad et repartent avec leur T-Shirt à l’effigie d’Ernesto Che Guevara que l’ironie de la situation aurait fait rire jaune… ou rouge 😉

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Pour l’industrie touristique, une monnaie spécifique est en circulation, le CUC ou Peso Cubain Convertible (à parité avec le dollars US). Toutes les prestations touristiques, hôtels, chambres chez l’habitant, transports longue distance, restaurants pour touristes, bouteilles d’eau, sont payables en CUC. Le cubain de la rue, lui, utilise le Peso Cubain, la véritable monnaie du pays, pour ses achats de fruits, viande et autres achats de première nécessité. Cependant, la liste des achats réalisables en monnaie nationale est maigre et, même pour les cubains, un grand nombre d’achats ne sont désormais disponibles uniquement en CUC.

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Ci-dessus, un billet de 3 Pesos monnaie nationale à l’effigie du Che et sur le dessus, un billet de 10 CUC (Pesos Convertible) à la valeur 24 fois supérieure et utilisé pour tous les biens et services liés au tourisme. Le Comandante, absent de la nouvelle monnaie appréciera.

Depuis que la manne touristique a remplacé les champs de canne à sucre, tout est bon pour faire dépenser ses CUC au visiteur. L’état prélève sa dîme sur toute la chaîne puisque les cubains proposant leurs services aux touristes sont fortement “taxés”, les incitant à faire du chiffre pour rentrer dans leurs frais. Alors que le salaire moyen cubain est de 30 CUC par mois, un chauffeur de taxi vélo doit s’acquitter mensuellement d’une charge fixe de 100 CUC quelque soit le nombre de clients transportés. Il en est de même pour le propriétaire de Casa Particular qui propose une chambre chez lui et qui paye une redevance identique quelque soit son remplissage. Les voitures utilisées comme taxi pour le transport des touristes s’achètent, elles, une fortune (plus de 15 000 CUC pour une américaine des années 50!)

Ces petites combines de l’état cubain pour faire rentrer des devises, couplées à l’inventivité sociale naturelle des cubains donne naissance à un système de réseaux redoutable  pour le touriste qui essaye de sortir des sentiers battus.

Notre visite à Trinidad s’est heurté à cet état de fait. Nous nous étions fait recommander une chambre chez l’habitant, une casa particular par un bateau français rencontré en Jamaïque. Nous avons échangé quelques mails avec la dame, dénommée Tomacita avant notre arrivée. Ayant finalement réussi à quitter les Caymans après 2 décalages de notre réservation à Trinidad, nous avions finalement convenu d’une arrivée le 22 janvier dans la maison de Tomacita. En revanche, dans les échanges de mails, impossible d’obtenir l’adresse de la Casa Particular ou son numéro de téléphone. Nous n’avions que le mail. Arrivés à Cienfuegos le 20 Janvier, nous avons vite compris que la difficulté d’accès à Internet ne nous permettrait pas un nouvel échange de mails.

Nous décidons donc de partir pour Trinidad, en taxi, à la date convenue, avec la ferme intention de trouver la casa particular avec le nom de sa propriétaire, Trinidad n’étant pas une mégapole, nous pourrions peut être la retrouver facilement.

Une chance, au sortir de notre heure de route, nous sommes “accueillis” par un “ami” du rabatteur de Cienfuegos qui nous avait trouvé le taxi. Je bredouille quelques mots d’espagnol expliquant que nous avions réservé dans une casa particular dont nous n’avons pas l’adresse mais juste le nom de son propriétaire.

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Une chance, notre homme connait la propriétaire qui vient nous chercher. Je lui fais confirmer que c’est bien elle. Aucun nom n’étant inscrit sur la porte. Elle confirme.

La maison en elle même était confortable et le prix de la chambre correct mais sur les 2 jours passés à Trinidad, des détails m’ont finalement mis la puce à l’oreille. La dame nous a dit ne pas avoir d’adresse email alors que nous étions censé en avoir échangé quelques uns, elle éludait les questions sur le français qui nous avait conseillé sa maison sachant qu’elle était censée bien le connaitre.

Finalement nous lui posons directement la question le 2ième jour. Elle ne connait évidemment pas la dénommée Tomacita et n’a rien à voir avec elle!

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En fait, en choisissant le rabatteur de taxi à Cienfuegos nous sommes tombés dans son réseau et son “ami” de Trinidad s’est chargé du reste!

Le touriste est ici un bien précieux et malgré la gentillesse naturelle des cubains, leur seul moyen de subsistance dans des conditions correctes. Pour apprécier Cuba, il faut comprendre et dépasser ces considérations et ce système qui laisse un goût amer dans la bouche tout de même. Une fois intégré, on est plus vigilant, on évite les intermédiaires, on recoupe les informations, on tente de connaitre le vrai prix des choses.

A Trinidad, cette dame que nous avons, durant 24h, appelé Tomacita, n’a pas manqué une occasion de nous facturer des extras, petits déjeuners payants pour les enfants, repas du soir au même prix pour tous les 5, en augmentation d’un soir à l’autre,…

Evidemment ce récit n’est pas une critique inconditionnelle de la débrouille des cubains qui vivent en général dans des conditions très difficiles et n’ont que le tourisme pour vivre dignement mais lorsque ce système se transforme en racket organisé, cela fausse les contacts avec la population dont la gentillesse légendaire et le sourire méritent tellement mieux!

Nous avons finalement passé un très bon séjour dans cette casa particular de Trinidad et la dame était très sympathique avec nous et nous avons eu de bons échanges mais notre seconde casa particular, à la Havane, tenue par un retraité charmant qui ne cherchait pas à pousser la facture a vite chassé ce goût amer d’être transformés en champ de canne à sucre!

1 comment

  1. Claire

    Eh oui, ce genre de comportement est souvent le cas dans les pays où la différence de revenus entre touristes et autochtones est énorme… Comme tu dis, il faut essayer de dépasser ça en cherchant à comprendre ce qui a amené cette situation…

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