août 07

Dernière nuit au mouillage

Cette série de billets est publiée à posteriori depuis Paris. Les derniers moments ont été intenses et m’ont juste permis de prendre des notes à la volée que je complète.

Ça devait arriver un jour! Ce soir c’est notre dernière nuit au mouillage, à Sainte Anne, juste à l’entrée de la baie du Marin où se trouve le port d’attache d’Ysun et le ponton où nous nous apprêtons à lui refaire une beauté avant de le rendre au loueur.

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Le mouillage n’est pas un de nos meilleurs. Nous avons été faire un tour cette après midi à la grande et belle plage de Saint Anne mais en matière de plage, nous en avons vu de tellement belles et désertes à Blanquilla, aux Iles Vierges, à Barbuda qu’on deviendrait presque difficile 😉

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Finalement, une fois à destination, on se rend encore mieux compte de tous les paysages magnifiques que nous avons croisés, dans lesquels nous avons eu la chance d’habiter quelques jours, parfois seuls au monde. C’est un privilège que seul le grand voyage en bateau peut offrir.

Les enfants font un dernier “plouf à l’arrière du bateau” selon l’expression consacrée. Puis nous immortalisons nos moussaillons à leurs hublots.

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Après un magnifique coucher de soleil sur le rocher du Diamant, nous terminons cette aventure par une soirée de pleine lune. Le ciel est un peu nuageux, il y a quelques grains mais c’est toujours la même magie d’être sur l’eau et d’observer le soleil disparaître sur l’horizon rougeoyant.

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Pas de rétroviseur sur un bateau, ça tombe bien, nous allons de l’avant mais ce soir en remontant l’annexe je pense à tous ces petits gestes qui ont fait notre quotidien. Ces gestes rodés, cette connaissance d’Ysun implicite qui nous permet d’y évoluer parfois si rapidement entre les jupes, le pont, le filet, l’intérieur. Nous ne nous apprêtons pas à finir notre voyage, nous nous apprêtons à vivre un vrai déménagement dans le sens ou nous quittons une vraie maison… sur l’eau.

Quand tout le monde est endormi, le vais m’installer une dernière fois sur le trampoline à l’avant.

Pas moyen de fermer l’œil ce soir. Demain tout s’enchaînera si rapidement jusque notre atterrissage à Paris: nettoyer, rendre le bateau, passer quelques jours à terre puis prendre l’avion, reprendre le quotidien, essayer de transmettre au mieux ce que nous avons  vécu. Et pourtant, notre aventure sera si difficile à résumer par des photos, des vidéos ou même des récits. Le Grand Voyage en bateau c’est une expérience à vivre soi même, en famille ou en couple. C’est tellement loin de la vie à terre que seuls ceux qui ont vécu longtemps sur l’eau peuvent comprendre cette réalité.

En tout cas pour moi c’est clair comme cette belle pleine lune qui brille toujours dans le ciel ce soir, mon aventure nautique ne s’arrêtera pas là! Et si un jour nous avons l’occasion de repartir – à la faveur d’un nouvel alignement des astres comme cette année – nous repartirons. Pour le reste, le vent décidera!

Je ferme la porte du cockpit sur mes divagations nocturnes et m’écroule sur ma couchette…

juil 29

Ysun en direct du tour des Yoles 2015 au Rocher du Diamant

En exclusivité et pour son dernier reportage (j’ai pas dit dernier article), votre équipage préféré des Paricaraïbes sur Ysun est allé voir de très près l’arrivée d’une étape du Tour des Yoles, le plus grand événement de voile de l’année en Martinique!

Commençons, comme tous les reportages que nous vous avons proposés cette année par un petit point culturel.

Une Yole Ronde, Kezako?

La Yole Ronde est un bateau pays spécifique à la Martinique, un peu comme la Saintoise pour la Guadeloupe. C’est une embarcation en bois dont la construction a été héritée des embarcations de pêche traditionnelles martiniquaises.

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Les spécificités de ces bateaux sont leur construction en bois massif, leurs grandes voiles rectangulaires et la présence de longues tiges de bambou qui dépassent largement du bateau sur le coté au vent et au bout desquelles l’équipage évolue pour contrer la gite de l’embarcation. Ces bateaux ne disposent pas de gouverne sous l’eau ni de quille mais tracent leur route par le réglage de la Grand Voile, la répartition des masses des équipiers à bord et d’une sorte de gigantesque pagaie qui fait office de barre à l’arrière. Ils sont 3 équipiers pour la tenir! Impressionnant! Au moins ils n’ont pas de risque de perdre leur safran 😉

Depuis 1984, tous les ans se déroule le Tour des Yoles Rondes, une course de 110 miles autour de la Martinique, habituellement dans le sens inverse des aiguilles d’une montre hormis cette édition 2015 qui voit les bateaux évoluer dans le sens horaire. Les Yoles, arborent des voiles aux couleurs vives, celles de leurs sponsors, des entreprises privées et leur commune de provenance.

Le Tour des Yoles est l’événement sportif le plus connu et suivi de l’année en Martinique.

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Nous avions la chance d’être encore sur l’eau quelques jours sur notre fidèle Ysun pour la seconde étape du Tour des Yoles Rondes entre Ste Anne et le Diamant. Par ailleurs, le rocher du Diamant qui se dresse au large dans cette zone du Sud de la Martinique et que les concurrents devaient contourner, dessine de magnifiques panoramas. C’est l’endroit parfait pour assister à l’arrivée!

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Ce matin, nous disons au revoir à Pitalugue qui sera le dernier bateau copain de notre voyage et nous quittons avec émotion Grande Anse et sa belle plage dont nous aurons profité 10 jours.

Nos heures sur Ysun sont comptées et nous les partagerons entre 2 jours au mouillage de Ste Anne et 2 jours de nettoyage du bateau à la marina…

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Nous arrivons rapidement en vue du Rocher du Diamant qui se dresse, seul dans une mer un peu agitée mais sans aucun rapport avec “nos” mers agitées du voyage!

Les concurrents du Tour de Yoles doivent passer ici, contourner le rocher en le laissant à Tribord et rejoindre la commune du Diamant située en face du rocher, sur la côte. Nous avions donc décidé de les attendre au pied du rocher.

Au départ nous étions seuls à tourner au pied du rocher mais vers 12h15, nous commençons à être rejoints par des bateaux à moteur rapides qui se placent juste sous le vent du Diamant. Ensuite, aux jumelles on voit arriver, non pas les yoles mais une armada de voiliers, catamarans, bateaux à moteur qui foncent en direction du rocher.

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Nous repèrerons enfin les premières yoles quelques instants après au loin grâce à leurs couleurs vives.

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Dès qu’elles approchent, l’ambiance s’électrise et nous sommes vite repoussés en dehors de leur trajet par les jetskis et les bateaux de la sécurité du tour. On était pile sur leur course! A ce moment, 2 hélicoptères survolent l’arrivée, des centaines d’embarcations à moteur manœuvrent dans la zone qui était calme quelques minutes auparavant. Puis, nous voyons arriver des cata de location couverts de drapeaux aux couleurs des sponsors des yoles. Tout cela sous les cris des passagers de tous ces bateaux et au rythme des sonos. Ambiance garantie!

Ci dessous, le vainqueur de l’étape, très entouré par des bateaux de toutes sorte! Nous étions le premier catamaran à les approcher après le rocher du Diamant 😉 D’un peu plus loin que les petits bateaux à moteur cependant.

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C’était la première arrivée de course de voile à laquelle nous assistions et en matière d’ambiance nous n’étions pas en reste!

Il faut être concentré à la barre pour éviter toutes les embarcations sur l’eau (et accessoirement les casiers des pêcheurs qui sont aussi de la fête!), tout en suivant le mouvement général et en gardant la visibilité sur les yoles. C’est technique mais moins difficile qu’il n’y parait même si ma capitaine en second a préféré tenir l’appareil photo que la barre. Allez savoir pourquoi 😉

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Le vainqueur de l’étape du jour était la yole Chanflor UFR mais nous avons pu observer beaucoup mieux Rosette Orange, le vainqueur de l’étape précédente et le bateau en tête du classement général à ce jour qui était moins entouré de bateaux suiveurs ou de sécurité car derrière le vainqueur d’étape.

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Notre capitaine en second a choisi son vainqueur (qui est arrivé plutot vers la fin du classement), Datex (ci-dessous) élu bateau avec la plus belle voile. Ils devraient l’embaucher dans le comité de course pour juger l’arrivée, ça pourrait chambouler le classement 😉

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Sur les rafales, les yoles gîtent fortement et les équipiers volent littéralement vers le bout des grandes tiges de bambou pour contrer la gite. C’est très impressionnant! On imagine la musculature pour se tenir à bout de bras, les pieds dans le vide, sur un bateau lancé à pleine vitesse dans les vagues comme DATEX sur la photo ci-dessous!

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Une fois passé le dernier concurrent, le rocher du Diamant retrouve sa quiétude et nous, notre dernière ligne droite avant de croiser notre trace, celle que nous avions laissé début octobre 2014 en sortant de la baie du Marin, il y a 10 mois. Emotion…

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Nous mouillons à Ste Anne, à 20 minutes à peine de notre ponton au Marin où nous passerons le moins de temps possible, juste 2 jours pour nettoyer le bateau à fond.

Tout l’équipage est sur le pont, ou plutôt sur le trampoline pour notre dernier mouillage.

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A Sainte Anne il y a une très belle plage, on va en profiter jusqu’au dernier moment!!!

juil 28

La belle vie au mouillage avec les copains, bateaucopains entre snorkelling et séances de plage

Au mouillage de Grande Anse, nous avons retrouvé notre bateaucopain Pitalugue dont l’équipage familial: Aurélien, Jeanne et leurs enfants Eole, Capucine et Celestine – presque les mêmes âges que nos enfants – navigue dans l’arc antillais tout en travaillant à terre en Guadeloupe et Martinique. Ils ont déjà voyagé durant 1 an et demi à ce jour et restent sur l’eau,encore un an! C’est déjà difficile de redevenir terriens après 1 an de bateau alors 2 ans et demi, on imagine même pas! Aurélien, le capitaine, a une expérience de voile impressionnante depuis tout petit en régate et en croisière. Il a d’ailleurs été moniteur de voile puis mécanicien sur des bateaux.

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Nous nous sommes installés sur la plage comme dans une maison de vacances. Les enfants jouent ensemble et retrouvent leurs copains le matin et en fin d’après midi à la plage et les grands profitent des barbecues et des apéros.

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Notre amie martiniquaise Claire est venue également nous voir à bord avec ses enfants Samuel et Eloïse et nous en avons profité pour aller à l’Anse Noire, une plage de sable noir à 20 minutes de Grande Anse, juste à l’entrée Sud de la baie de Fort de France.

L’anse noire est une plage magnifique très sauvage où le vert des cocotiers contraste avec le sable noir. Au coucher du soleil, la vue est particulièrement belle.

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Sur l’Anse noire, on trouve également un grand ponton qui sert beaucoup plus de plongeoir que de ponton. D’ailleurs on se demande ce qu’un aussi grand ponton fait à un endroit où il n’y a que la plage!

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Dans la baie, les tortues sont très faciles à observer en snorkelling et on trouve également des bancs de pisquettes, de petits poissons par millions qui nagent de concert. C’est une très belle impression que de s’amuser à nager au milieu du banc. Par instants, on se trouve totalement entouré de poissons qui forment un large cercle autour du nageur.

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Nous passons la nuit là et profitons du calme nocturne de ce très joli mouillage.

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De retour à Grande Anse, nous organisons un grand barbecue sur Pitalugue et Ysun que nous mettons “à couple” pour l’occasion, c’est à dire que nous amarrons les 2 bateaux ensemble. Les enfants sont ravis de passer d’un bateau à l’autre en enjambant juste les filières. Nous n’avions jamais fait ce genre de manœuvre avant.

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A bord d’Ysun, nous commençons doucement à nous préparer au retour et surtout à ranger le bateau. Cela fait une impression étrange de remettre dans les sacs tout ce qui avait une place bien définie dans le bateau et qui faisait notre quotidien. Ce n’est pas comme de faire les sacs après 2 semaines de vacances, c’est plutôt comme de déménager. Nous nous apprêtons à quitter un endroit sur lequel nous avons vécu tant de choses en 1 an…  Heureusement avec tous ces copains et la plage de Grande Anse, pas le temps de déprimer, on en profite à fond jusqu’au bout, notamment des séances de montée au mât que Lucie aime toujours autant et qu’elle a fait découvrir à son copain Samuel.

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Lucie voulait absolument faire un dernier calin à Ysun avant de le laisser partir et vivre sa vie 😉

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juil 27

Grande Anse, grande plage familiale et dernière escale pour nos invités

Nous connaissons bien Grande Anse, sur la commune des Anses d’Arlet. Nous sommes déja venus passer deux fois une semaine à terre dans un petit gite au Sud de la grande plage. Si ce n’est pas la plage la plus sauvage de Martinique, c’est un endroit où l’on se sent bien. Pas de gros hôtel ou d’afflux de touristes, ici il y a surtout des gîtes sur la longue plage autour de laquelle des rochers permettent un beau snorkelling et une observation des tortues qui sont au rendez vous entre les bateaux.

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Pour Ann et Jérôme, c’est la fin du voyage en attendant que nous aussi mettions le cap vers la métropole dans 15 jours.

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Le bateau passe en mode “maison de vacances à la plage” pour une dizaine de jours car le mouillage de Grande Anse est un des meilleurs de Martinique pour y passer du temps même si coté avitaillement, on n’y trouve que de petites supérettes un peu limites.

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On enchaîne les soirées apéro sur le bateau et on profite des restos de plage dont “Ti Sable” un resto – bar – grillades très sympa.

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En fin de semaine, nous reconduisons Ann, Jérôme, Luca et Alicia qui terminent leur second et dernier séjour sur Ysun sans aucun problème technique cette fois et après un beau programme entre Guadeloupe, Dominique et Martinique!

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Merci d’être venus nous voir et à bientôt sur l’eau… Sur un autre bateau et d’autres latitudes !

juil 26

La catastrophe de la Montagne Pelée en 1902, plus grande destruction volcanique du XXième siècle

St Pierre est au Nord de la Martinique, en contrebas du volcan de la Montagne Pelée. Nous atteignons cette première escale en Martinique après quelques heures de navigation dans le canal de le Dominique.

Le mouillage est confortable même si la bande de profondeur acceptable pour jeter l’ancre est étroite et oblige de s’approcher de la côte et de faire attention à l’évitage avec les autres bateaux. Le fond est de très bonne tenue.

On arrive à terre par le grand ponton des ferrys où l’on peu laisser son annexe en prenant soin de mettre une ancre en arrière car le ponton est assez haut.

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St pierre est une bonne escale pour les bateaux, permettant de faire facilement un avitaillement aux petites supérettes du front de mer. Nous y trouvons également une laverie automatique (à gauche, aux pieds de remparts en tournant le dos à la plage) pour notre linge.

Historiquement, St Pierre est surtout une ville dont le cours a été bouleversé par l’éruption volcanique la plus meurtrière du XXième siècle.

L’arc antillais compte neuf volcans actifs formés par la zone de subduction entre la plaque atlantique et la plaque Caraïbes. Le volcanisme est donc omniprésent ici comme nous l’avons vu en Dominique ou à St Lucie par exemple. Toutes les îles du secteur sont d’ailleurs d’origine volcanique.

Le 8 Mai 1902 à 7h52, alors que le volcan de Martinique, la Montagne Pelée se manifeste déja depuis plusieurs jours, son sommet explose et une nuée ardente dévale ses pentes détruisant absolument tout sur son passage. 30 000 habitants de St Pierre perdent la vie en une minute, terrassés sur place par un mélange de gaz toxiques à 1000°C, une pluie de roches volcaniques et une onde de choc se déplaçant à 1620km/h (supérieure à la vitesse du son).

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Depuis plusieurs jours déjà, des coulées de boue avaient fait de nombreuses victimes sur les pentes du volcan et les cendres avaient par plusieurs fois recouvert St Pierre. Autant de signes avant coureurs qui ne furent pas pris au sérieux par les autorités, alors en plein “entre 2 tours” des élections législatives. Le gouverneur est même venu depuis Fort de France s’installer avec son épouse le 7 mai pour convaincre la population que le risque était inexistant.

Pour les bateaux mouillés dans la rade, un ordre du gouverneur leur interdisaient tout simplement de quitter la baie de St Pierre! Lorsque, menacé par les douaniers de lourdes sanctions, le capitaine italien de l’Orsolina, désobéit à cet ordre et quitte St Pierre le 7 mai, il leur déclare “[les sanctions], qui me les appliquera ? Demain vous serez tous morts”.

Une triste prophétie qui se réalise à l’exception près de 3 survivants à terre sur 30 000 habitants ainsi que 20 marins ou passagers des bateaux sur l’ensemble des nombreux navires restés ancré devant la ville. Tous les autres habitants ont péri dans la catastrophe presque instantanément.

Le survivant le plus célèbre était un certain Louis Auguste Cyparis qui avait été jeté au cachot de la prison la veille pour avoir participé à une rixe dans un bar.

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Malgré de lourdes brûlures, les murs épais du cachot adossé à une paroi rocheuse et doté de petites ouvertures lui avaient évité le pire. Il fut gracié et engagé par le cirque américain Barnum pour raconter son histoire de survivant de l’apocalypse dans tous les Etats Unis.

On visite encore aujourd’hui à St Pierre les ruines de la prison au sein de laquelle le petit cachot est resté intact. Les conditions exceptionnelles qui ont permis la survie de cet homme et, malgré cela, les brûlures dont il a été victime donnent une idée de la violence inouïe de la catastrophe. La chaleur produite par la nuée ardente fut tellement intense qu’elle fit même fondre le cuivre et le verre!

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La destruction de St Pierre marque également la chute de la cité qui fut la capitale économique et culturelle de la Martinique avant 1902. Jusqu’à la catastrophe, le port de St Pierre rayonnait dans toute la région, accueillant de nombreux navires étrangers venus charger du sucre ou du rhum produits en Martinique.

La ville, appelée “Le Petit Paris des Antilles” avait une intense vie culturelle et disposait d’un théatre où se produisaient des artistes de renommée internationale.

Du théâtre, il ne reste que des ruines mais on distingue encore la scène, la fosse d’orchestre et un beau parvis à double escalier.

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L’éruption de 1902 marque le déclin de St Pierre et l’avènement de Fort de France qui, déjà résidence du Gouverneur, devint la capitale économique de l’île suite à la catastrophe.

L’éruption de la Montagne Pelée marque également le début de la volcanologie moderne comme science à part entière et non plus comme branche de la géologie. C’est aussi la première fois que les volcanologue purent observer et décrire le phénomène extrêmement dangereux de nuée ardente. Ce type d’éruptions fut d’ailleurs par la suite appelé péléenne en référence à la Montagne pelée. Contrairement aux volcans effusifs qui crachent de la lave (comme à Hawai), les volcans péléens explosent violemment, générant les nuées ardentes particulièrement meurtrières.

Pour terminer la ballade, nous passons un peu de temps à observer le coucher de soleil sur la belle rade de St Pierre depuis les remparts qui la surplombent.

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juil 25

Le jour où nous avons bouclé la boucle

Nous quittons la Dominique le 15 juillet à 8h45 pour une navigation de 35 miles.

On a décidé de laisser faire les filles pour relever le mouillage et barrer le bateau jusqu’à la pointe de la Dominique.

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Les papas pouponnent et s’occupent des enfants, après tout, ce sont les mauvaises langues qui prétendent que le bateau est une activité de machos 😉

En partant, j’ai bien eu un petit pincement au cœur en réalisant que nous sommes en train de nous élancer pour notre dernière traversée et navigation à la voile avant la fin du périple… L’activité continue générée par les enfants et la présence de nos invités empêchent d’attraper le blues pour autant. Cependant ce jour là j’ai presque barré pendant tout le canal. Pas question que le pilote auto me vole ces derniers instants à la barre d’Ysun que nous rendons dans 15 jours à peine.

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Nous aurons passé 2h45 dans le canal à 8 noeuds de moyenne, essuyant 3 grains à 30-35 noeuds mais presque la routine dans une mer assez calme et des creux d’1m en moyenne. Je réalise qu’avec Anne, nous formons maintenant un vrai équipage de choc, nous prenons les ris facilement, dans le calme malgré le vent qui monte, elle à la barre, moi en pied de mât. Pour mettre l’ancre ou prendre les bouées, elle gère toute seule à l’avant et le fait très bien! Après 10 mois de navigation, nous sommes rodés et je n’ai qu’une seule envie, que notre équipage familial puisse continuer encore longtemps à naviguer le plus souvent possible malgré le retour à terre à la vie “normale”.

A 12h30, la pointe de la Martinique apparaît, nous revoyons ce bout de terre française où tout à commencé. Là où l’envie de partir longtemps au fil de l’eau est née il y a 5 ans, là où nous avons navigué pour la première fois, là d’où nous sommes partis en Octobre. C’était il y a si peu de temps et pourtant nous avons vécu tant de moments forts, vu tant de pays, rencontré tant de marins et de terriens passionnants qu’il nous semble revenir sur terre après un voyage intergalactique!

Ca y est, la boucle est donc bouclée. Pas tout à fait diront les puristes car nous avons 15 jours et quelques miles pour relier le Marin et bizarrement on est pas pressés 😉 Reste qu’en terme d’îles la boucle est bouclée. Ann et Jérome saisissent nos premières impressions en photo: la fierté d’avoir bouclé cette boucle, d’être partis du Sud de la Martinique et d’y revenir par le Nord après 8316km ou presque 5000 miles nautiques en famille avec notre petite troupe.

A la barre d’Ysun c’est la satisfaction qui se lit sur nos visages alors que le volcan de la Martinique pointe à l’horizon sous les nuages ( cherchez bien, dans le mien se lit aussi la recherche de notre futur grand projet 😉

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En exclusivité notre trace presque complète que j’ai pu tirer du traceur. Chaque changement de cap, chaque bord a son histoire et évoque pour nous de bons moments ou des moments plus stressants qui font désormais partie de notre histoire familiale.

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Nous arrivons à St Pierre vers 15h. Il est trop tard pour un repas structuré, nous tuons nos dernières boites de raviolis pour faire goûter à Ann et Jérôme le repas typique en navigation.

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Heureusement, nous nous vengerons sur de bonnes glaces à St Pierre avant d’entamer une petite visite de la ville.

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juil 22

Un aquarium de Champagne au Sud de la Dominique, à consommer sans modération!

Au Sud de Roseau, la route principale s’étire sur un mince fil côtier bloqué entre mer des Caraïbes et reliefs escarpés couverts de la végétation du centre du pays. A l’extrême Sud, on passe par la ville de Soufrière puis enfin par la ville de Scott Head, dernier petit village de pêcheurs.

En face du village coloré, on peut grimper sur un petit sommet qui surplombe la baie et qui offre une vue magnifique sur la pointe Sud de la Dominique et la baie de Scott Head.

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Comme toute hauteur stratégique de la région, le site avait été équipé d’une batterie de canons défendant la baie.

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Mais sur la route de Scott Head, un peu avant Soufrière, il y a au moins autant à voir sous la mer que sur la côte car c’est l’emplacement d’un site sous marin tout à fait original: Champagne Reef.

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Champagne Reef est un site de plongée et de snorkelling qui présente un très beau récif avec notamment une importante colonie d’éponges tubulaires jaune vif et beaucoup de poissons perroquet.

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Mais le caractère tout à fait exceptionnel du site provient des dégagements gazeux au fond de l’eau. Issus de l’activité volcanique, le gaz qui s’en échappe fait pétiller des millions de petites bulles comme une coupe de champagne dans laquelle les sergent majors, les poissons chirurgiens et les explorateurs en masque et tuba s’en donnent à cœur joie.vlcsnap-2015-07-19-19h25m14s129

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L’effet visuel est particulièrement joli et les colonnes de fines bulles scintillent dans la lumière bleutée à quelques mètres de la surface.

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Près des toutes petites ouvertures d’où s’échappent les bulles, on perçoit nettement sous l’eau une fois immergé, le sifflement sourd du gaz qui fait pétiller le récif! Les poissons semblent apprécier ces bulles et jouent autour comme dans un aquarium géant.

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Nous passons plusieurs heures dans ce jacuzzi géant pour poisson qui est probablement l’une de nos expériences de découverte sous marine les plus belle et insolite! A ne pas manquer si vous passez dans les environs!

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juil 22

Entre volcans et sources chaudes, ballades sur la perle verte des petites Antilles

La Dominique est une île volcanique et comme toutes les îles des petites Antilles, elle a émergé de volcans qui se sont formées à l’endroit du conflit tectonique entre la plaque Caraïbe et la plaque Atlantique. C’est également le cas pour la Martinique, Sainte Lucie et Saint Vincent au Sud et la Guadeloupe, Montserrat et St Kits & Nevis au Nord. Cette formation géologique récente explique les nombreux reliefs de l’île et le volcanisme actif en explique les phénomènes géologiques comme les sources chaudes, les fumerolles ou, plus rares mais redoutables, les éruptions.

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(Schéma http://www.simplegeo.ca/2013/09/les-principes-tectoniques-collision.html)

L’altitude de 1447m atteinte par le volcan en Dominique et globalement son altitude moyenne élevée explique également son climat. En effet, les précipitations tropicales venant de l’Atlantique à l’Est, sont bloquées par les reliefs et maintiennent une humidité très forte et entretiennent donc une végétation luxuriante.

Une fois à Roseau, il suffit de faire une dizaine de kilomètres pour pénétrer à l’intérieur du pays par de petites routes escarpées. Le paysage que nous découvrons est magnifique.

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Evidemment, les nuages et l’humidité sont bien présents mais quelle végétation! Les fougères arborescentes recouvrent le moindre centimètre de terrain, on trouve des fleurs tropicales comme les roses de porcelaine ou les balisiers à chaque détour du chemin et le bruit des nombreux ruisseaux est couvert la musique incessante des oiseaux et insectes qui pullulent. La vie, végétale et animale est omniprésente!

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Nous montons en voiture au Fresh Water Lake, le plus grand lac de Dominique qui offre un petit sentier qui ondule sur les crêtes des reliefs qui bordent le lac.

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Même si les nuages nous cachent un peu la vue globale sur le lac, les descentes à pic sur les crêtes, immergés dans la végétation tropicale sont un vrai délice. Ces sentiers donnent une perspective unique sur la forêt tropicale et ses magnifiques fougères arborescentes. Les enfants ont très bien marché malgré quelques difficultés pour Baptiste, les nombreuses marches en rondins de cocotiers se révélant un peu hautes pour ses petites jambes.

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Même si nous sommes toujours en Caraïbe, nous avons l’impression d’avoir changé de région du monde! En effet, l’humidité omniprésente maintient une température ressentie à peine supérieure à 20°C et nous regrettons presque les polaires!  La photo de groupe semble sortir tout droit d’un album sur la visite de l’Irlande! Cependant, à la faveur des nombreuses marches du sentier, nous enlevons très vite nos vestes car la température corporelle remonte très vite pendant l’effort!

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Une fois redescendus du Fresh Water Lake, nous nous rendons à Ti Tou Gorge, une rivière qui s’échappe de la montagne par une étroite gorge qui se parcourt très bien en nageant, jusqu’à atteindre deux petites cascades enchâssées entre les parois de plusieurs dizaines de mètres de cet étroit passage.

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Le midi, nous piqueniquons près des Sulphur Springs, des sources de soufre et d’eau chaude qui bouillonne dans des petits bassins de boue volcanique grise en pleine forêt en laissant s’échapper de la vapeur, quelques gaz volcaniques et une véritable rivière d’eau chaude qui s’écoule dans la vallée et alimente des “spa” aménagés pour les visiteurs en contrebas.

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D’ailleurs, cette source d’eau chaude, comme il en existe un grand nombre en Dominique, venait à point. En effet, nous n’avions pas de quoi chauffer le petit pot d’Alicia qui a fini dans la rivière d’eau chaude et la boue volcanique (le petit pot, pas Alicia!). 10 minutes entre deux racines à thermostat 6 et le petit pot était parfaitement tiède! Une bébé écologique, nourri en pleine forêt grâce à l’énergie géothermique. La nature est vraiment prodigue en Dominique!

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Nous terminons notre tour de la région de Roseau par une visite aux Trafalgar Falls. Deux majestueuses cascades qui s’élancent de la paroi abrupte des montagnes. Le chemin qui conduit au pied des chutes passe sous les arbres et les fougères jusqu’à des bassins où l’on peut se baigner. On peut même régler la température du bain car une rivière d’eau chaude rejoint la rivière d’eau fraiche qui dévale la pente depuis la cascade.

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Notre deuxième jour de visite d’achève par une belle randonnée autour des sources chaudes de la ville de Soufrière, au Sud de Roseau et par un bain dans les sources aménagées, toujours en pleine forêt.

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Pour l’anecdote, nous avions loué un minivan pendant 2 jours et je conduisais à gauche pour la première fois! Il a fallu parfois que mes passagers me rappellent à l’ordre car on reprend vite la droite en sortant d”un parking mais les routes de Dominique sont relativement faciles à pratiquer en plein jour avec la prudence requise lorsque l’on conduit en montagne!

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juil 22

Roseau, Capitale animée et colorée de la Dominique

Sans aucun canal à traverser et avec une route longeant la côte sous le vent de la Dominique, c’était une navigation tranquille qui nous attendait entre Nord et Sud de la Dominique, entre Portsmouth et Roseau.

Nous avions donc décidé de mettre à contribution nos invités pour hisser, barrer et border les voiles.

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Nous avions même à l’arrivée une équipe de choc pour briquer le pont!

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C’est donc après 3h de navigation tantôt un peu déventé, tantôt portés par les rafales à 25 nœuds descendant des nombreux reliefs de Dominique, que nous arrivons à Roseau.

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Le mouillage de Roseau et beaucoup moins engageant que celui de Portsmouth. Ici pas de plage ni de belle baie protégée et, les fonds descendant rapidement, il est indispensable de prendre la bouée à 10 USD que vient d’ailleurs vous proposer spontanément le boyboat attitré.

En l’occurrence, nous avions choisi de mouiller devant l’Anchorage Hotel qui dispose d’un bon ponton pour l’annexe, un wifi gratuit et une dizaine de bouées sont gérées par “Sea Cat”, le boyboat de l’étape.

Nous retrouvons au mouillage nos amis Claire et Miguel, leurs enfants Samuel et Eloïse, partis sur un coup de tête avec des amis visiter la Dominique. Dire que si nous vivions en Martinique, nous pourrions nous aussi partir sur un coup de tête… Paris offre moins de potentiel de ce coté :(

C’est la première fois que nous revoyons Claire et Miguel depuis notre départ de Martinique. Une excellente occasion pour une soirée acras, guacamole, mousse de thon et rhum comme on les aime sur Ysun 😉 A bord nous avions 8 enfants et 8 adultes! Excellente ambiance!

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Roseau est une ville très agréable. C’est une toute petite capitale qui a su garder sous la patine du temps ses petites cases créoles colorées, tout ceci dans l’ambiance joyeuse et nonchalante de ses habitants très avenants avec les visiteurs étrangers. Ici d’ailleurs, le français est parlé presque partout!

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Le vieux marché d’artisanat propose de nombreux objets de vannerie fabriqués par les descendants des Indiens Caraïbes qui habitent la réserve indienne de l’Est du pays.

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Au cœur de la ville, le marché aux fruits et légumes est particulièrement bien achalandé et on trouve tout ce que ce magnifique pays couvert de forêts et de plantations peut offrir. Ananas sucrés et délicieux, fruits à pain, mangues, bananes, cannelle, maracujas, avocats,… Nous retrouvons avec plaisir les bons fruits qui nous avaient tant manqué dans les îles Vierges et jusqu’en Guadeloupe et pour un prix bien plus intéressant que dans les îles françaises.

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Roseau possède également un petit musée qui raconte l’histoire du pays et de son peuple, notamment des civilisations précolombiennes. On y admire une pirogue indienne taillée d’un bloc dans un tronc d’arbre et des objets de vannerie traditionnellement confectionnés par les Indiens Caraïbes..

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Le jardin botanique de Roseau domine la ville au Sud Est et présente les diverses essences d’arbres qui poussent sur l’île ou ailleurs comme ce baobab et ses longues lianes ou encore cet autre arbre qui est tombé sur un bus en 1979 lors du passage du cyclone David et continue de pousser depuis comme si de rien n’était.

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Comme dans beaucoup de pays de la Caraïbe (à l’exception notoire de la Caraïbe française…), il est très facile de se déplacer à Roseau et dans toute la Dominique, en empruntant les très nombreux bus collectifs qui vous prennent et vous déposent sur les grandes routes pour une somme modique. Ambiance locale, conduite sportive dans les petites routes et grosse sono garantis à bord!

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juil 22

Pauline prend les commandes de l’annexe!

Ca y est, après 10 mois passés à bord, Pauline prend les commandes de notre second bateau, notre Ysunexe comme l’appelle Baptiste. C’est tout de même un moteur de 9,8cv qu’elle n’aurait théoriquement pas eu le droit de conduire en France puisque légalement il faut un permis bateau à partir de 4cv. Ceci dit, moi non plus je n’ai pas le droit de la conduire puisque je n’ai pas de permis bateau (sic) 😉

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Rassurons tout de suite nos lecteurs (et les grands parents!), Pauline étant très raisonnable, elle conduit au ralenti avec beaucoup de prudence. Néanmoins, en Dominique, je l’ai missionnée pour aller chercher Ann, Jérome, Luca et Alicia au ponton toute seule à 50 mètres à peine d’Ysun et elle s’en est très bien sortie!

Et pour la légalité, la morale est sauve car nous étions en Dominique et donc loin de la législation française et ses inepties (du genre le permis bateau nécessaire pour une annexe de 5cv et non nécessaire pour un voilier de 40 pieds avec 2 moteurs de 29cv)

Cette petite, avec ses rêves de transat, sa prudence et son bon sens, c’est une vraie graine de marin!

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